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KANIK'sadığım biri

ORHAN VELİ

Yazan: M. Şeref Özsoy

JUST FOR THE HELL OF IT

111 Poems by ORHAN VELİ

Translated by

Talat Sait Halman

ORHAN VELİ KANIK

Fremdarting

übersetzt von

Yüksel Pazarkaya

ORHAN VELİ'nin

çevirdiği şiirler

Haz: TUNÇER BAYKAÞ

 

ANA SAYFA

FRANSIZ ÞÝÝRLERÝ

 

François Villon
   Asýlmýþlarýn Baladý

Pierre de Ronsard
   Helene için Sonnet

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise aupres du feu, devidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant :
Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.

Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Desja sous le labeur à demy sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille resveillant,
Benissant vostre nom de louange immortelle.

Je seray sous la terre et fantaume sans os :
Par les ombres myrteux je prendray mon repos :
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.


   Sonnet  

Jean de la Fontaine
   Karga ile Tilki

Le Corbeau et le Renard 

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.


   Sütçü Kadýn ile Süt Kabý

La Laitière et le Pot au lait

Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait
Bien posé sur un coussinet,
Prétendait arriver sans encombre à la ville.
Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;
Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,
Cotillon simple, et souliers plats.
Notre laitière ainsi troussée
Comptait déjà dans sa pensée
Tout le prix de son lait, en employait l'argent,
Achetait un cent d'oeufs, faisait triple couvée ;
La chose allait à bien par son soin diligent.
Il m'est, disait-elle, facile,
D'élever des poulets autour de ma maison :
Le Renard sera bien habile,
S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.
Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;
Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :
J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.
Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,
Vu le prix dont il est, une vache et son veau,
Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?
Perrette là-dessus saute aussi, transportée.
Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;
La dame de ces biens, quittant d'un oeil marri
Sa fortune ainsi répandue,
Va s'excuser à son mari
En grand danger d'être battue.
Le récit en farce en fut fait ;
On l'appela le Pot au lait.

Quel esprit ne bat la campagne ?
Qui ne fait châteaux en Espagne ?
Picrochole, Pyrrhus, la Laitière, enfin tous,
Autant les sages que les fous ?
Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :
Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :
Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi ;
On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant.


Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
À lui n'ayons que faire ni que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !


   Aðustos Böceði ile Karýnca

La Cigale et la Fourmi

La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
"Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. "
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.

 

Victor Hugo
   Boaz Uykuda

Booz endormi

Booz s'était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.

Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.

Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
- Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.

Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.

Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;
Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très anciens.

Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait,
Etait mouillée encore et molle du déluge.

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.

Et Booz murmurait avec la voix de l'âme :
" Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.

" Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.

" Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ;

Mais vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau. "

Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.

Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.

La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.

Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.

 

Alfred de Musset
   Hüzün

Tristesse

J'ai perdu ma force et ma vie,
Et mes amis et ma gaieté;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.

Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.

Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.

Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.


   Pepa'ya

A Pépa

Pépa, quand la nuit est venue, 
Que ta mère t'a dit adieu ; 
Que sous ta lampe, à demie nue, 
Tu t'inclines pour prier Dieu ; 

A cette heure où l'âme inquiète 
Se livre au conseil de la nuit ; 
Au moment d'ôter ta cornette 
Et de regarder sous ton lit ; 

Quand le sommeil sur ta famille 
Autour de toi s'est répandu ; 
O Pépita, charmante fille, 
Mon amour, à quoi penses-tu ? 

Qui sait ? Peut-être à l'héroïne 
De quelque infortuné roman ; 
A tout ce que l'espoir devine 
Et la réalité dément ; 

Peut-être à ces grandes montagnes 
Qui n'accouchent que de souris ; 
A des amoureux en Espagne, 
A des bonbons, à des maris ; 

Peut-être aux tendres confidences 
D'un coeur naïf comme le tien ; 
A ta robe, aux airs que tu danses ; 
Peut-être à moi, peut-être à rien.

 

Gerard de Nerval
   Daphné  

Théophile Gautier
   Ýlk Sevgililer

Les Cydalises

Où sont nos amoureuses ?
Elles sont au tombeau .
Elles sont plus heureuses,
Dans un séjour plus beau !

Elles sont près des anges,
Dans le fond du ciel bleu,
Et chantent les louanges
De la mère de Dieu !

Ô blanche fiancée !
Ô jeune vierge en fleur !
Amante délaissée,
Que flétrit la douleur !

L'éternité profonde
Souriait dans vos yeux ...
Flambeaux éteints du monde,
Rallumez-vous aux cieux !


   Çin Ýþi  

Charles Baudelaire
   Hortlak

Horreur sympathique

C'est De ce ciel bizarre et livide,
Tourmenté comme ton destin,
Quels pensers dans ton âme vide
Descendent ? Réponds, libertin.

Insatiablement avide
De l'obscur et de l'incertain,
Je ne geindrai pas comme Ovide
Chassé du paradis latin.

Cieux déchirés comme des grèves,
En vous se mire mon orgueil,
Vos vastes nuages en deuil

Sont les corbillards de mes rêves,
Et vos lueurs sont le reflet
De l'Enfer où mon coeur se plaît.


   Alýp Götüren Koku

Parfum exotique 

Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone ;

Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.

Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,

Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.


   Ýnsan ve Deniz

L'homme et la mer

Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets:
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, ô frères implacables


   Yoksullarýn Ölümü

La mort des pauvres

C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ;
C'est le but de la vie, et c'est le seul espoir
Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre,
Et nous donne le coeur de marcher jusqu'au soir ;

A travers la tempête, et la neige, et le givre,
C'est la clarté vibrante à notre horizon noir ;
C'est l'auberge fameuse inscrite sur le livre,
Où l'on pourra manger, et dormir, et s'asseoir

C'est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques
Le sommeil et le don des rêves extatiques,
Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ;

C'est la gloire des Dieux, c'est le grenier mystique,
C'est la bourse du pauvre et sa patrie antique,
C'est le portique ouvert sur les Cieux inconnus !

José Maria de Hérédia
   Fatihler

Les conquérants

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;

Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

 

Charles Cros
   Çirozname

Le hareng saur

A Guy
Il était un grand mur blanc - nu, nu, nu, 
Contre le mur une échelle - haute, haute, haute, 
Et, par terre, un hareng saur - sec, sec, sec. 

Il vient, tenant dans ses mains - sales, sales, sales, 
Un marteau lourd, un grand clou - pointu, pointu, pointu, 
Un peloton de ficelle - gros, gros, gros. 

Alors il monte à l'échelle - haute, haute, haute, 
Et plante le clou pointu - toc, toc, toc, 
Tout en haut du grand mur blanc - nu, nu, nu. 

Il laisse aller le marteau - qui tombe, qui tombe, qui tombe, 
Attache au clou la ficelle - longue, longue, longue, 
Et, au bout, le hareng saur - sec, sec, sec. 

Il redescend de l'échelle - haute, haute, haute, 
L'emporte avec le marteau - lourd, lourd, lourd, 
Et puis, il s'en va ailleurs - loin, loin, loin. 

Et, depuis, le hareng saur - sec, sec, sec, 
Au bout de cette ficelle - longue, longue, longue, 
Très lentement se balance - toujours, toujours, toujours. 

J'ai composé cette histoire - simple, simple, simple, 
Pour mettre en fureur les gens - graves, graves, graves, 
Et amuser les enfants - petits, petits, petits. 

Stephane Mallarmé
   Deniz Meltemi

Brise Marine

La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots ...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots 



Paul Verlaine
   Dans Edelim Gel

Dansons la gigue!

J'aimais surtout ses jolis yeux, 
Plus clairs que l'étoile des cieux, 
J'aimais ses yeux malicieux. 

Dansons la gigue! 

Elle avait des façons vraiment, 
De désoler un pauvre amant, 
Que c'en était vraiment charmant! 

Dansons la gigue! 

Mais je trouve encore meilleur 
Le baiser de sa bouche en fleur 
Depuis qu'elle est morte â mon cœur. 

Dansons la gigue! 

Je me souviens, je me souviens 
Des heures et des entretiens, 
Et c'est le meilleur de mes biens. 

Dansons la gigue!


   Geçmiþ Ola

Nevermore

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne 
Faisait voler la grive à travers l'air atone, 
Et le soleil dardait un rayon monotone 
Sur le bois jaunissant où la bise détone. 

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, 
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. 
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant 
" Quel fut ton plus beau jour? " fit sa voix d'or vivant, 

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. 
Un sourire discret lui donna la réplique, 
Et je baisai sa main blanche, dévotement. 

- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées ! 
Et qu'il bruit avec un murmure charmant 
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !

Arthur Rimbaud
   Duyum

Sensation

Par les soirs bleus d'été j'irai dans les sentiers, 
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue : 
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds. 
Je laisserai le vent baigner ma tête nue. 
Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien: 
Mais l'amour infini me montera dans l'âme, 
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, 
Par la Nature, -heureux comme avec une femme. 


   Ofelya

     Ophélia

                                  I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

                                 II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !

                                 III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.


   Saadet  

Jues Lafourge
   Cýgara  

Jean Moréas
   Hiçbir Yerde...  

Paul Valéry
   Dost Orman  

Jean Pellerin
   Dönüþ Türküsü  

Guillaume Apollinaire
   Ren Gecesi

Nuit Rhénane

Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds

Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées

Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire

 

Jues Supervielle
   Küçük Koru

Le petit bois

J'étais un petit bois de France 
Avec douze rouge furets, 
Mais je n'ai jamais eu de chance 
Ah! que m'est-il donc arrivé? 

Je crains fort de n'être plus rien 
Qu'un souvenir, une peinture 
Ou le restant d'une aventure, 
Un parfum, je ne sais pas bien. 

Ne suis-je plus qu'en la mémoire 
De quelque folle ou bien d'enfants, 
Ils vous diraient mieux mon histoire 
Que je ne fais en ce moment. 

Mais où sont-ils donc sur la terre 
Pour que vous les interrogiez, 
Ceux qui savent que je dis vrai 
Et jamais je ne désepère. 

Mon Dieu comme il est difficile 
D'être un petit bois disparu 
Lorsqu'on avait tant de racines 
Comment faire pour n'être plus? 

 

Louis Aragon
   Elsa'nýn Gözleri

Les yeux d'Elsa

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire 
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer 
S'y jeter à mourir tous les désespérés 
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire 

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé 
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent 
L'été taille la nue au tablier des anges 
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés 

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur 
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit 
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie 
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure 

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée 
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs 
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs 
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé 

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche 
Par où se reproduit le miracle des Rois 
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois 
Le manteau de Marie accroché dans la crèche 

Une bouche suffit au mois de Mai des mots 
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas 
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres 
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux 

L'enfant accaparé par les belles images 
Écarquille les siens moins démesurément 
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens 
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages 

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où 
Des insectes défont leurs amours violentes 
Je suis pris au filet des étoiles filantes 
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août 

J'ai retiré ce radium de la pechblende 
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu 
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu 
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes 

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa 
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent 
Moi je voyais briller au-dessus de la mer 
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

 

Paul Eluard
   Hürriyet

Liberté

Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffées d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orages
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes raisons réunies
J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom 

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.


   Ýspanya'da
   Ýyiye  

Philippe Soupault
   Mezar Taþlarý
   Þarký

Chanson

Monsieur Miroir marchand d'habits
est mort hier soir à Paris
Il fait nuit
Il fait noir
Il fait nuit noir à Paris

 

Jacques Prévert
   Aile Hayatý  

Raymond Radiguet
   Kelebek
   Kýrlangýç  

Pierre Emmanuel
   Cantos I  

Luc Decaunes
   Hatýra  

Alexandre Toursky
   Üç Hal

ÝSPANYOL ÞÝÝRÝ

   Romance de Dona Alda

Romance de Dona Alda

A cazar saiu Don Pedro
a cazar como solia
os seus cáns levaba cansos
Don Pedro mais canso ainda

Chegou ao meio da serra
e pra casa se volvia
chegou a porta da casa
i esmorcente caia

Fágame a cama, mi madre
fágame a cama por vida
que vou para a vida eterna
que vou pra eterna vida

A cazar saiú Don Pedro
a cazar como solia
os seus cans levaba cansos
Don Pedro mais canso ia




ANA SAYFA